Les
Nouvelles Calédoniennes.nc
Anthony
Tejero | Crée le 17.06.2025 à 15h02 | Mis à jour le 17.06.2025 à 15h02
Echouage de sardines à Waho
Les poissons
échoués à Waho, à Yaté, sont des sardines appartenant à l’espèce
Herklotsichthys quadrimaculatus*.
Alors que
des milliers de sardines ont été retrouvées mortes, le 26 mai, à l’embouchure
de la Yaté, l’ensemble des prélèvements réalisés sur place ont été analysés.
Les résultats, désormais connus, ont écarté la piste d’une pollution. En
revanche, selon les experts de la province Sud, un épisode de fortes pluies
conjugué à un phénomène de grandes marées basses pourrait en être responsable
en raison d’un apport excessif d’eau douce et d’une diminution de l’oxygène.
Explications.
Après trois
semaines de flou et d’inquiétude pour les riverains, le mystère est
partiellement levé sur les causes de la surmortalité de
poissons constatée le 26 mai à la sortie de la fausse Yaté, au niveau de l’embouchure de la rivière. Pour
rappel, des milliers de spécimens ont été découverts sans vie, flottant à la
surface de ce plan d’eau situé aux abords de la tribu de Waho et du village.
Une fois
alertée, la province Sud, compétente en matière d’environnement, a demandé à la
gendarmerie de procéder à des prélèvements d’eau et de poissons sur place. Une
partie de ces échantillons ont ainsi été conservés dans l’attente d’analyses.
Le lendemain, deux gardes nature de la Maison bleue se sont également rendus
sur place afin de poursuivre les investigations en effectuant notamment des prélèvements
supplémentaires qui ont été envoyés au laboratoire de Nouvelle-Calédonie (LNC).
"Aucune pollution, ni anomalie
significative"
L’ensemble
de ces échantillons et prélèvements ont désormais été analysés. Et les
résultats permettent d’écarter plusieurs hypothèses, à commencer par celle
d’une pollution qui aurait, par exemple, pu être liée à l’activité de l’usine
du Sud, assure la province Sud. "S’agissant des prélèvements de
poissons et d’eau, les analyses effectuées n’ont pas permis de mettre en
évidence une origine précise de cette mortalité. Aucune pollution ni anomalie
significative n’ont été détectées", indique Patrice Hervouet, chef du
service gestion et préservation des ressources, qui juge bon de préciser
qu’aucune espèce protégée n’a été retrouvée morte sur site, à l’exception donc
de ces sardines (qui appartiennent à l’espèce Herklotsichthys
quadrimaculatus).
Mais alors,
pour quelle raison ce phénomène s’est-il produit ? Si la réponse ne peut
être apportée avec certitude, une hypothèse semble néanmoins se dégager. Elle
pourrait être liée à la conjugaison de deux phénomènes naturels, à savoir un
épisode de fortes pluies précédant de grandes marées basses. Quel serait alors
le lien de cause à effet ? Ces précipitations importantes auraient apporté
un excès d’eau douce dans cette lentille d’eau salée, au volume
particulièrement réduit en raison des grandes marées (atteignant environ 0,2
mètre en milieu de journée le 26 mai), ce qui aurait pu causer "un
stress aigu" sur ces poissons.
Les mêmes facteurs à l’origine des surmortalités
de 2015 et 2016 ?
"La
cause la plus probable semble donc être liée des conditions
environnementales particulières, poursuit
Patrice Hervouet. Chez les sardines, une diminution soudaine de l’oxygène
dissous dans l’eau – notamment lors des grandes marées basses, quand les bancs
se rassemblent en grand nombre dans des zones peu profondes et peu oxygénées –
peut entraîner une mortalité brutale." Cette hypothèse permettrait
ainsi d’expliquer également pourquoi le même phénomène avait
déjà été observé dans ce secteur en 2015 et en 2016. "Cette zone est très fréquentée par d’importants
bancs de sardines, nous ont expliqué les habitants du coin. On peut donc
supposer que de tels phénomènes de mortalité massive peuvent se produire
ponctuellement sous l’effet combiné de ces facteurs naturels en raison de la
géomorphologie même du site", complète Tyffen Read, garde nature à la
province Sud.
La piste d’une prolifération d’algues toxiques
De leur
côté, s’ils n’ont pu analyser les échantillons réalisés sur place, les
scientifiques se sont également intéressés de près à cet événement. Selon les
équipes de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et de l’Ifremer,
qui se sont concertées, une autre hypothèse "très probable",
également d’origine naturelle, ne peut être exclue. "Cette
mortalité massive pourrait être liée à une prolifération d’algues toxiques qui
ont consommé tout l’oxygène de l’eau causant ainsi la mort massive de ces
sardines. C’est un scénario qui se rapproche donc de celui avancé par la
province Sud, mais créé par un autre facteur. Sauf que pour le prouver, il faut
pouvoir réaliser très vite, dès l’apparition du phénomène, les prélèvements et
analyses de l’eau dans de bonnes conditions", glisse une océanographe.
Toujours
est-il, en l’absence de causes formellement identifiées et alors que la Maison
bleue annonce ne plus mener d’analyses complémentaires, la mairie de Yaté a
décidé de maintenir l’interdiction de baignade dans le secteur de Waho jusqu’à
nouvel ordre.
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